Lexique de la Redirection Écologique
Toutes les définitions du domaine de la Redirection Écologique
Motivations et limites de ce glossaire : définir plutôt que de finir…
L’intention de ce glossaire est de poser un regard critique sur les termes et notions qui sont couramment utilisées pour penser les stratégies écologiques.
Selon William, James une définition est toujours abstraite. Selon lui, il est vain de faire un énoncé d’un terme ou d’une notion sans en étudier les conséquences. Par conséquent, il faut toujours chercher à cerner les limites du cadre d’élaboration des énoncés que nous produisons. Car une définition prend toujours sens par rapport à un collectif et un territoire, c’est-à-dire un milieu.
Déjà, Socrate craignait de l’écriture qu’elle ne donne que « des traces de pensées mortes ». Plutôt que de s’en tenir à une proposition qui serait figée, finie, et non-discutable, l’enjeu est donc plutôt de les « définir » pour nous permettre au maximum de vous aider à les rendre concrètes et vivantes.
« La pleine réalité d’une vérité est toujours (…) quelque processus de vérification, ou s’incorpore, sous la forme d’effets produits, la propriété abstraite consistant à relier conformément au vrai des idées à des objets ». William James. L’idée de vérité (1)
1. Traduit par Mme L. Veil et Maxime David. Bibliothèque de Philosophie Contemporaine. Librairie FÉLIX ALCAN, 1913.
Adaptation
L’adaptation, à hauteur d’organisme peut être interprétée par la capacité à fonder son existence sur de nouvelles routines. Ceci met en jeu une plasticité cérébrale, puisqu’introduisant de nouveaux ancrages, de nouvelles attentes, de nouvelles réponses, donc un changement au regard des affordances suivant une approche sensorimotrice de la cognition.
Au niveau des structures, la question de leur adaptation est doublement délicate, car des éléments de routines correspondent à des dimensions rituelles collectives. Il s’agit alors de la reconnaissance des uns et des autres. Nous devons compter ici le plus souvent avec une dimension de hiérarchisation qui est, en un sens, constitutive de la satisfaction d’un projet. Cependant, cette dimension hiérarchique s’inscrit bien au-delà de cette nécessité. La remise en cause de telles autorités suppose un changement de paradigme, c’est-à-dire l’inscription d’une logique distincte à l’organisation qui remet en cause une position dogmatique qui n’a plus d’autre cohérence que son propre maintien. Ajoutons que les organisations s’engagent en premier lieu à assurer leur propre bénéfice. L’adaptation structurelle est donc périlleuse puisqu’il s’agit d’une bascule à l’imposition d’un nouvel ordre, ce qui met en cause l’ensemble des attachements individuels relatifs à l’adaptation singulière et collective.
L’adaptabilité doit être pensée en relation avec l’adaptation. En effet, l’essentiel du vivant tient à sa robustesse, à son adaptabilité à un ensemble de milieux. Il serait par conséquent malvenu de comprendre l’adaptation selon le principe de l’ultra spécialisation suivant le propos d’Olivier Hamant, directeur de l’INRAE. Celle-ci irait au contraire à l’inverse de la capacité d’adaptation à une multitude de milieux, au croisement de milieux.
Anthropocène
Le concept d’Anthropocène vient des sciences de la Terre (Paul Crutzen) à la fin du XXIe siècle. C’est une proposition d’époque géologique, faisant suite à l’Holocène et qui aurait débuté quand l’influence de l’être humain et de ses activités sur la géologie et les écosystèmes est devenue significative à l’échelle de l’histoire de la Terre.
Ce terme fait porter sur les épaules de l’homme la responsabilité du désastre écologique en cours. Or, l’humain ne se résume pas à sa fraction responsable de la civilisation industrielle. Le risque de ce terme est donc de gommer toute altérité en dehors de cette forme spécifique de société.
Toutefois, l’intérêt de cette notion est de mettre l’accent sur la nature planétaire, imprévisible et irréversible de la situation actuelle du monde. Cela met aussi en avant la nécessité de revoir nos modes de penser les stratégies écologiques, et la manière de faire le monde ensemble.
Artificialisation
L’artificialisation peut être approchée par la masse des artefacts produits par l’humain. La notion d’artefact est une notion anthropocentrée. En effet, tous les vivants entraînent des modifications de leur environnement, et de très nombreux animaux développent des habiletés techniques qui leur fait transformer une partie des éléments en outils et d’instruments. Cet argument contraint à ne pas opposer nature et culture, mais plutôt à intégrer la culture dans la nature. Ceci suppose à son tour une compréhension de la nature qui ne saurait être réifiée dans un moment particulier au profit d’une compréhension d’un système dynamique et ouvert.
Il est en revanche permis de considérer de façon critique le système global compte tenu de ces conditions d’existence, ceci supposant des situations d’équilibres suffisamment assurées pour que le vivant, dont nous-mêmes, puisse s’y inscrire et prospérer. Ainsi des activités dont le déploiement met en péril l’équilibre du vivant jusqu’à menacer son existence dans des parties du monde habitable, voire dans sa globalité doivent pouvoir être remises en cause. C’est ici qu’entre en compte la perspective d’un renoncement explicable de façon méthodique de façon à permettre la décision suivant le principe d’un intérêt commun, c’est-à-dire démocratique, puisque le bénéfice attendu est celui de tous.
Artificialisation des sols
L’artificialisation est une notion souvent utilisée pour évoquer le changement d’usage des sols et leur anthropisation. La loi dite Climat & Résilience, promulguée en Aout 2021 la définie comme « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. » Il resterait évidemment à s’entendre sur ce qu’on entend par fonctions. La notion d’ « artificialisation des sols » fait débat selon qu’on privilégie leur perméabilité ou leur biodiversité. En outre, la manière de l’appréhender par des mesures fait aussi débat. Selon l’approche retenue, celle-ci peut aller du simple au sextuple. L’immobilier représente une part majeure de l’artificialisation en Ile de France (55%), selon Institut Paris Région et MOS 2017. Limiter ce phénomène revient à limiter l’étalement urbain ou la construction neuve. La plupart des acteurs semblent s’accorder sur ce point. La loi « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN), a pour objectif de diviser par deux le rythme d’artificialisation sur la décennie à venir par rapport à la consommation des sols observée ces dernières années au sein de chaque région. Mais la notion de « Nette » renvoie vers celle de compensation ou renaturation qui est une notion également controversée.
Attachement
La notion d’attachement, en sociologie pragmatiste, désigne les liens profonds et souvent implicites qui nous unissent à des personnes, des objets ou des situations. Comme le souligne le sociologue Antoine Hennion, ces attachements ne se révèlent souvent qu’à travers des épreuves, telles qu’un accident ou une séparation. Du point de vue de la redirection écologique, poser la question du renoncement (par exemple à la construction neuve) met en lumière les attachements des enquêtés. Contrairement aux relations basées sur des raisons ou des critères explicites, les attachements sont éprouvés et mis à l’épreuve. Ils ne nécessitent pas de justifications immédiates et peuvent concerner des choix anodins comme des décisions cruciales. Ces liens ne sont pas déterminés par des causes ou des intentions, mais « ils renvoient plutôt à un passif, non pas tant au sens de la grammaire qu’à celui qu’a pris le mot dans les entreprises : l’addition que le passé tend au présent » (Hennion, 2011). Ils sont contingents et dépendent des circonstances, tout en étant impérieux et insistant. L’attachement est donc une notion qui échappe aux dualités traditionnelles de l’actif et du passif, du sujet et de l’objet, et qui met en lumière la complexité des interactions humaines.
Avenir / devenir
L’avenir est par principe incertain car non strictement déterminé. Il parait cependant réglé, c’est-à-dire soumis à des régularités observables dont on peut supposer la perdurance donc la constance par un raisonnement dit inductif. L’avenir suppose changement puisque l’avenir est constitué précisément par des changements non-prévisibles. Ainsi, le plus (statistiquement) probable est fort rarement ce qui arrive. Le probable ou le certain tiennent au futur en tant qu’il est projeté selon des prévisibilités. L’histoire est constituée en premier lieu par ce qui est improbable. Karl Popper insistait sur le fait que l’histoire est constituée par des singularités, tandis que le principe même de la singularité est d’échapper à la probabilité.
Cabanisation
Cabanisation :
Capitolocène
Capitalocène :
Carbone
Le carbone, omniprésent, est souvent perçu comme l’ennemi à abattre dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, il est également essentiel à la vie et à l’énergie. Le carbone est le principal composant des énergies fossiles et des gaz à effet de serre, mais il est aussi le fondement de la chimie organique et de la photosynthèse. Cette dualité fait du carbone un « pharmakon », à la fois poison et remède.
Le carbone nous oblige à penser la multitude des cycles et des temps. Il existe plusieurs cycles du carbone : biologique, climatique et géologique, chacun avec ses propres temporalités. Le cycle biologique, par exemple, implique la respiration des animaux et la photosynthèse des plantes, tandis que le cycle géologique concerne la séquestration du carbone dans les roches sur des millions d’années.
Ces cycles multiples remettent en question la vision linéaire du temps et nous invitent à penser en termes de polychronie. Le carbone nous rappelle que la nature n’est pas un système bien ordonné, mais un ensemble complexe d’interactions et de temporalités variées. Il nous oblige à repenser nos actions et nos politiques en tenant compte de ces multiples dimensions.
En somme, le carbone est un élément clé pour comprendre et agir sur le changement climatique. Il nous pousse à dépasser une vision simpliste et à embrasser la complexité des cycles naturels et des temporalités multiples.
Communs
L’accord de l’ONU de Stockholm de 1972, signé par la grande majorité des pays, se prononce sur le principe de permettre un accès égal pour tous humain aux communs essentiels qui sont constituées par ce que la terre rend disponible : eau, terre, air. Il est imposé aux états signataires d’assurer la préservation écologique de leur territoire. Le manquement à cet engagement pour de nombreuses populations en premier lieu défavorisées les place, mais la société tout entière également en rapport à des communs négatifs, car ceux-ci nuisent à l’intégrité de nos organismes. Il est permis d’opposer à ceux-ci des communs positifs qui sont culturels par leur origine. Ceux-ci relèvent du droit, des connaissances et concernent tout un chacun ; ils sont au fondement des sociétés modernes et libérales suivant Max Weber et Adam Smith. Les initiatives permises par le libéralisme permettraient également l’accès général à des communs positifs concernant la santé, par exemple.
Il convient de dire que la question des communs est relationnelle. En effet, on ne peut pas prévoir dans quelle mesure les communs négatifs resteront ou non-négatifs, en fonction de nos capacités futures à transformer les négatifs en positifs. Ceci tient au progrès technique strict, mais aussi au droit, à l’instruction. Les déterminants sont multiples, ce qui oblige à spécifier en quoi et comment le commun est positif ou négatif, cependant le critère de dommage à l’intégrité des organismes de tout un chacun parait premier.
Communs négatifs
On ne peut pas prévoir dans quelle mesure les communs négatifs resteront ou non-négatifs. fp : Communs : négatifs et positifs cf exposé Orléans avec Alexandre… L’organisation et collectif fabrique du comment La relier au premier principe de la déclaration de Stockholm sur l’Environnement de 1972. LDH France, signé par xx pays. A partir du moment où on déroge à ça, on produit un commun négatif.
Compensation
Compensation :
Conditions d'existence
Exemples à poser sous forme de questions : le cyberharcèlement pour les réseaux sociaux, les mineurs mineurs pour les téléphones, etc.. La destruction pour le capitalisme, les mal-logés pour l’immobilier, la population « sous-urbaine » pour les urbains, etc..
Concrétisation technique
Simondon
Conséquences
Les conséquences sont à considérer du point de vue moral au regard d’une certaine action. C’est la responsabilité engagée de l’acteur qui est au centre de cette pensée conséquentialisme initiée par George Bentham et développée par John Stuart Mill. Tous deux penseurs politiques fondateurs des sociétés démocratiques modernes, Mill en particulier est aussi un économiste au sens fort. L’action morale n’est ni à placer dans l’intention, ni dans le respect d’une norme, mais dans la compréhension de ce à quoi son action engage. Bien à distance des évidences de notre heure, le libéralisme économique de Mill signifiait d’abord liberté par rapport aux avantages des héritages individuels par succession. Il plaçait tout autant au premier plan la responsabilité quant aux conséquences des actions effectives.
Croissance Verte
Repose sur la notion de découplage – Helene Tordjman
Découplage
Découplage :
Définition
Qui a dit cessons de considérer que les termes sont finis ? Il faut les définir. Isabelle Stengers a dit ne pas aimer les définitions..
Dépendances
Les dépendances concernent le domaine de développement des activités économiques. Celles-ci induisent des transformations physiques, le déploiement de transformations énergétique. Ceci est synonyme de coûts écologiques ou d’impacts. Plus encore, nombre de ces dépendances, à l’heure où l’entreprise tend à être résumée à un système d’information, sont autant d’externalités plus ou moins visibles. Comme le soulignait le professeur de droit privé Alain Supiot dans Politique des algorithmes les optimisations des coûts sont trop souvent égales à des maltraitances humaines. Rendre ces dépendances invisibles visibles correspond désormais largement à un changement de légalité dont la dynamique est désormais entamée. Il s’agit donc désormais pour tous les acteurs économiques et publiques de rendre visibles et appréciables les gouvernances de leurs dépendances, se placer en acteurs responsables.
Développement Durable
Le développement durable, défini dans le rapport Brundtland de 1987, vise à répondre aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Bien qu’il soit le principe directeur des politiques d’environnement et de développement, il a été critiqué pour être un simple « greenwashing » des politiques de croissance conventionnelles. Le développement durable a remplacé l’écodéveloppement des années 1970, qui mettait l’accent sur la redistribution des richesses pour harmoniser la protection de l’environnement et la justice sociale. Le rapport Brundtland a présenté la croissance comme un remède aux problèmes environnementaux, en promouvant une croissance verte et une économie « dématérialisée ». Cependant, les données empiriques montrent que la croissance verte et la dématérialisation restent un mythe, et que l’empreinte carbone et matérielle des pays riches reste bien plus importante que celle des pays pauvres. Il est temps que la politique mondiale de durabilité abandonne sa subordination aux préceptes de l’idéologie économique dominante et se concentre sur la distribution des richesses existantes pour répondre aux besoins fondamentaux de tous tout en respectant les limites planétaires.
Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération
Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération :
Efficacité et efficience
Efficacité et efficience :
Enquête
L’objectif de l’enquête, au sens de John Dewey, est de plonger dans les liens et les motivations des parties impliquées, en cherchant à comprendre leurs attachements, c’est-à-dire “ce à quoi elles tiennent et ce qui les tient” Hennion (2010). Cette démarche vise à donner aux enquêtés les moyens de devenir les acteurs de leur propre enquête, en explorant une diversité de perspectives et en mettant en lumière les controverses liées à des enjeux sociaux, économiques, techniques, et autres. À partir d’une analyse du terrain, l’objectif est de révéler une multitude de points de vue, d’identifier des lacunes, des angles morts, des tensions, de rendre apparents les attachements, et de souligner à la fois les conflits et les complémentarités. Il s’agit avant tout de porter attention. L’enquête est un moyen de mettre en place des solutions et de tester les actions envisagées dans une expérimentation dynamique, oscillant entre exploration et expérimentation.
L’enquête se situe donc à mi-chemin entre la théorie abstraite et le terrain la réalité tangible. Les résultats ne sont pas prédéterminés, et il n’existe pas de méthode universelle d’enquête ; celle-ci doit être adaptée à chaque contexte spécifique. Cette approche s’avère particulièrement pertinente pour aborder des problématiques complexes, tels que des problèmes épineux, impliquant une diversité d’acteurs, humains et non-humains, issus de différents domaines qui ne communiquent pas nécessairement entre eux. Mettre en lumière les controverses est un préalable important à un débat démocratique. La restitution des résultats varie selon chaque situation d’enquête et se dessine au fur et à mesure du processus.
Externalités
Positives et négatives. Emergence. Ne pas confondre les conditions d’existence avec des conséquences malencontreuses. Se demander si elles ne sont pas parfois tout simplement des conditions d’existence.
Futur/défuturation
La notion de futur renvoie à une projection sur l’avenir. L’anticipation est au cœur de notre développement individuel en tant qu’organisme, elle ne l’est pas moins à titre collectif. Même les organismes les plus simples s’adaptent à leur environnement en développant des attentes propres à être satisfaites. Cependant, beaucoup de facteurs de séduction peuvent être attachés à la duperie. Ainsi le futur projeté comme une évidence par ceux qui sont les autorités symboliques et financières, fondant ainsi des évidences peuvent bien souvent être fourvoyées. Les faux futurs prometteurs ont pour plus grand défaut d’interdire d’autres champs propres à l’invention, l’expérimentation et à plus forte raison la maintenance. L’ouvrage La France sous nos yeux met en évidence combien la société française a pu être menée par des espoirs trompeurs qui se sont souvent révélés catastrophiques du point de vue collectif.
Gouvernance
Idée de l’autorité spirituelle sur terre et on délégue une grosse partie de l’autorité aux entreprises. .. Rapport entre politique et entreprise. Novlangue. Entreprisation du monde. Dictionnaire de la langue française et des usages;..
Holocène
L’Holocène (du grec ancien : ὅλος / hólos, « entier », et καινός / kainós, « récent ») est une époque géologique s’étendant sur les 12 000 dernières années, toujours en cours, officiellement. Cette époque est souvent mentionnée pour sa stabilité en comparaison avec l’Anthropocène.
Que l’on considère que nous sommes en Anthropocène ou toujours en Holocène, il reste indubitable qu’on rentre dans un état de déséquilibre, et que le nouvel état n’est pas certain. En témoignent les franchissements des limites planétaires en cours et leurs conséquences.
Innovation
Simondon. Etienne Klein. Technologies du Futur..
Invisible
Dans Epistémologies du Sud, Boaventura de Sousa Santos soutient que la plupart de ces alternatives réalistes existent déjà mais qu’on ne les voit pas où nous n’y prêtons pas attention. Il affirme même que « ce n’est pas d’alternatives dont nous avons besoin, mais de penser de manière alternative les alternatives existantes » (Santos, 2016). Ce seraient donc nos manières de voir le monde qui rendrait certaines choses invisibles à nos yeux.
Pour cela, Santos propose deux concepts : la sociologie des absences et la sociologie des émergences. La première est une enquête sur les alternatives qui n’existent pas réellement, car notre manière de voir nous empêche de les voir comme des alternatives crédibles à ce qui existe. » (Santos, 2016). La seconde vise à « accroître symboliquement l’importance des connaissances, des pratiques et des acteurs en vue d’identifier les tendances futures, sur lesquelles il est possible d’augmenter la probabilité d’espérance contre la probabilité de frustration » (Santos, 2016).
Il s’agit donc d’éclairer les angles morts et de révéler ce qui est rendu subalterne, pour mettre en lumière les pratiques émergentes. Un exemple est ce que pratiquent un certain nombre de botanistes qui inscrivent à la craie le nom des plantes qui poussent sur les trottoirs des villes.
Limites planétaires et plancher social
Le cadre des frontières planétaires définit un espace sécurisé pour la vie humaine basé sur les processus biophysiques régulant la stabilité de la Terre. Six des neuf frontières ont déjà été dépassées, notamment l’érosion de la biodiversité, les perturbations des cycles de l’azote et du phosphore, les changements d’utilisation des sols, l’introduction de nouvelles substances, l’utilisation de l’eau douce et le changement climatique. Ces cycles sont interdépendants, et la modification de l’un d’entre eux a des répercussions sur les autres.
Comprendre ces limites nécessite une approche systémique et des solutions réversibles pour minimiser les impacts futurs. Il est crucial d’agir maintenant pour éviter des catastrophes. Cependant, les interactions entre les processus planétaires sont encore mal prises en compte, et la détermination des frontières peut varier selon les variables de contrôle, induisant une incertitude problématique pour la prise de décision.
La littérature sur les frontières planétaires se concentre sur la régulation et la résilience du système Terre, négligeant la question des ressources naturelles, dont la raréfaction pourrait menacer l’avenir de l’humanité. La révélation des limites planétaires oblige à réfléchir à un partage plus équitable des richesses et des capacités limitées de la Terre.
L’économiste Kate Raworth a développé le concept du Donut, inspiré des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) et tenant compte des limites planétaires. Elle introduit la notion de plancher social en complément du plafond environnemental, créant ainsi « un espace juste et sûr pour l’humanité ». Adopter la théorie du Donut nécessite de repenser les modèles économiques, les relations entre les individus, les indicateurs utilisés et les valeurs incarnées par la société. Le changement de paradigme est au cœur de cette théorie.
Nature
Une notion bien équivoque. D’un côté, nous trouverions la nature par opposition à l’homme dans la sacralisation des espaces naturels. Les parcs naturels, particulièrement dans les pays d’Afrique, mais aussi aux Etats Unis d’Amérique seraient altérés par les humains. Pourtant, l’homme est un vivant, un animal, un mammifère. Comme de nombreux animaux, ses comportements collectifs peuvent provoquer des conséquences réelles funestes. La nature est sans cesse modifiée par des entités naturelles. Par conséquent, sa stabilité est relative, sans cesse changée par ses dynamiques internes. Il ne s’agit donc que d’un ordonnancement relatif, d’une totalité relative, en équilibre relatif. Pourtant, nous devons agir au plus près de sa maintenance, alors que celle-ci est menacée par nos propres activités. Le principe de précaution au sein de la Communauté européenne est précieux en ce sens.
Pragmastisme
Suivant l’étymologie de pragmata : objet, il s’agit de considérer une difficulté, par la formulation d’une question posée de la façon la plus simple, c’est-à-dire la plus opérable. C’est ce que nous exprimons par des ‘prises stratégiques’. Il faut distinguer les faits et les sens que l’on donne aux faits. Ce n’est pas seulement agir, donc constituer de nouveaux faits, mais de faire en sorte que ces faits, le résultat de nos actions soient compris, qu’ils portent un sens au bénéfice des personnes concernées. C’est ainsi que le coût des actions menées pourra être estimé, reconnu, à mesure d’un bénéfice.
Prise stratégique
Prise stratégique :
Progrès
La notion de progrès est largement associée historiquement aux lumières et à leurs prémisses. Il s’agit d’affranchir la société humaine, les destinées individuelles des cycles qui constituent les ordres naturels. Aux fondements d’une société libérale, au sens d’une société de marché, est l’affranchissement des autorités féodales de pouvoir. Sortant de ces déterminismes, l’émergence d’initiatives depuis la société, suivant Adam Smith ou John Stuart Mill, permet la transformation des conditions. La société est ouverte par ces émergences. L’industrie du charbon, les énergies fossiles en ont été les moteurs. Il s’agit maintenant de repositionner ces horizons de progrès à mesure des conditions de stabilité permises par le respect des cycles géochimiques qui conditionnent le vivant. Le principe d’un progrès qui s’affranchit de l’autodestruction : une soutenabilité forte.
Renoncement
Ecologie de la fermeture, redirection.
Arbitrages. Et les attachements ;
Justice. Savoir faire.. suppose des techniques… de négation, d’enquête, de design.. Apprendre l’art de la fermeture
Imaginer d’apprendre a renoncer collectivement, ce qui suppose des institutions pour ça.. S’oppose au fatalisme du progrès..
Fresque du renoncement; Attachements individuels et collectifs.
Résilience
Responsabilité
La notion de responsabilité est à comprendre en relation étroite avec l’appréhension des conséquences des actions individuelles, principe moral régulateur des comportements collectifs et des instances de droit. Le principe responsabilité que nous devons à Hans Jonas, s’applique lui au sein des institutions, notamment celles de l’Europe afin de réguler les initiatives économiques au regard d’un principe politique premier. Ce principe premier est d’assurer les meilleures conditions de vie possibles aux citoyens européens et s’appuie largement sur la pensée conséquentialiste quant à la question ouverte de la bonne mesure des progrès proposés par de nouvelles possible solutions technologiques, ainsi que la façon dont elle prendraient place dans le monde effectif au regard d’un principe politique.
Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)
Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) :
Savoir-Faire
Le sens classique en philo… ?
Tekhne meme chose en latin ‘Ars)
Technique savoir faire et art – n’est pas différencier..
« Les statues meurent aussi ». Film sur Youtube. Film de 20mn de Alain Renais et xx 1954 ; critique du colonialisme. Dans la fabrication en général, tant qu’on est pas a une échelle indus, l’art, le savoir faire et la technique sont liés. Chaque objet est particulier.
Sociétal
Sociétal :
Sobriété
Sobriété :
Viabilité
Viabilité :
Vide stratégique
Vide stratégique :
Technocratie
Olivier Hamant définit la technocratie dans un ouvrage récent comme suivant l’autorité d’un impératif de développement technique fataliste qui dirigerait les sociétés. Ce serait ainsi le développement de la technosphère à laquelle s’appliquerait par nature l’ensemble des activités humaines. Cependant, ceci réduit la relation de l’homme au vivant à un pur et simple déni du monde vivant ce dont nous ne sommes qu’une partie, et une partie entièrement dépendante. Il s’agit donc d’une supercherie que de prétendre penser entièrement l’homme à même de substituer au monde vivant un monde industriel numérisé qui en assurerait la reproduction. Tout comme l’argent ne se mange pas, une modélisation ne saurait prendre entièrement la place de ce qu’elle serait destinée à copier. Une telle projection suppose de plus que nous serions à même d’en fabriquer une meilleure copie, une copie optimisée. Or, celle-ci à son tour dépendait des mêmes constituants qui conditionnent la vie elle-même.
Technosphère
La Terre est constituée de différentes sphères : la Lithosphère pour le sol et la roche, l’Hydrosphère pour les étendues d’eau, l’Atmosphère pour l’air, la Cryosphère pour les étendues de glace, et la Biosphère pour l’ensemble des êtres vivants. Ces sphères existent depuis des milliards d’années.
La Technosphère, en revanche, est apparue récemment. Elle englobe nos structures sociales complexes, les infrastructures physiques et les artefacts qui soutiennent les flux d’énergie, d’information et de matières, incluant des centrales électriques, des lignes de transmission, des routes, des bâtiments, des fermes, du plastique, des outils, des avions, des stylos à bille et des transistors (Zalasiewicz et al., 2017). Le poids de la Technosphère est estimé à environ 30 000 milliards de tonnes, soit cinq ordres de grandeur supérieur à la biomasse humaine qu’elle soutient. Ce concept, présent dans la littérature scientifique depuis une cinquantaine d’années, pose la question de la contrôlabilité de cette entité, de ses liens avec les autres sphères et de ses conséquences pour l’habitabilité future de la planète.
La Technosphère est un marqueur de l’Anthropocène, mais elle peut aussi jeter le discrédit sur l’ensemble de la technologie sans discernement. Leroi-Gourhan souligne que l’outil est constitutif de l’humain et que d’autres espèces créent également des artefacts. La notion tend à être globale, alors que le développement des techniques est commun à de nombreuses espèces. L’intérêt de cette notion est de critiquer le coût écologique des artefacts et d’introduire des concepts complémentaires comme les communs négatifs. En somme, la Technosphère nous invite à réfléchir sur notre relation avec la technologie et ses impacts sur notre environnement.