Les enjeux de l’Anthropocène
Les limites planétaires
Le cadre des frontières planétaires définit un espace d’opérations sûres pour le vivant et en particulier l’humanité. Ce cadre est basé sur les processus biophysiques intrinsèques qui régulent la stabilité du système Terre. De forts déséquilibres de ces cycles, tels que ceux induits par les activités humaines provoquent de profonds changements à diverses échelles et peuvent induire un basculement vers un nouvel état de stabilité du système avec des implications pas forcément compatibles avec la vie telle que nous la connaissons.
Sur 9 frontières, 6 ont d’ores et déjà été franchies :
- Le changement climatique,
- L’érosion de la biodiversité,
- Les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore,
- Les changement d’utilisation des sols,
- L’introduction de nouvelles substance,
- L’utilisation de l’eau douce.
Il est encore temps d’agir pour éviter des catastrophes !
Les enjeux du carbone
Le Changement climatique induit par les énergies fossile est l’un des marqueurs de l’Anthropocène.
85% de l’énergie primaire consommée aujourd’hui est de nature fossile.
Le stock de ces énergies fossiles requiert de plus en plus d’énergie pour être extrait ce qui rend leur accès plus incertain à l’avenir. Cette dépendance aux énergie fossiles crée donc un fort risque de précarité.
Ces énergies fossiles sont également les principales responsables du pouvoir réchauffant des Gaz à Effet de Serre (GES) qui contribuent à modifier le climat, générant d’autres risques (santé, bio-diversité, fertilité des sols, phénomènes climatiques extrêmes).
Pour atténuer les impacts de ces risques et se préparer à leurs conséquences, il est donc urgent d’agir. Toute organisation, entreprise ou territoire, doit contribuer à l’effort global pour réduire cette dépendance.
- Que ce soit la consommation d’énergie pour la production, l’approvisionnement en matériaux, le transport, la gestion du parc informatique, la gestion des déchets, chaque activité d’une organisation peut être abordée sous l’angle de ses émissions de GES.
- L’indicateur carbone est donc un très bon indicateur opérationnel:
- de la performance environnementale et sociale,
- de la viabilité économique dans la durée.
- La comptabilité carbone permet de se rendre compte des pistes d’amélioration de la performance de l’entreprise sous un angle transversal et systémique.
La comptabilité carbone permet de se rendre compte des pistes d’amélioration de la performance de l’entreprise sous un angle transversal. Cela permet d’engager des actions concrètes le plus tôt possible.
Le bilan carbone® de votre organisation est également l’occasion d’engager une réflexion sur la finalité de chaque flux et opération en considérant leurs activités associées et leurs dépendances au carbone.
Des enjeux complexes
Complexe vient de “complexus” en latin, signifiant « qui est tissé ensemble ». La complexité est due à un grand nombre d’acteurs, d’éléments travaillant ensemble et d’interfaces. Au delà d’un certain niveau de complexité, il n’est pas possible d’appréhender les tenants et les aboutissants d’une action ou de l’aspect donné d’un projet de manière complète, sans technique ou approche dédiée.
L’activité des entreprises et collectivités s’inscrit le plus souvent dans un cadre plus large d’acteurs en réseau, avec un grand nombre d’acteurs et dont l’action et l’évolution n’est pas toujours sous le contrôle de l’entreprise. Cette complexité permet d’améliorer l’efficience des systèmes ainsi constitués, mais cela peut aussi les rendre plus fragiles. Enfin, pour re-réorienter efficacement les activités délétères, il est important de prendre en compte l’ensemble des dépendances liées a ces activités.
- Dérouler le fil du carbone et de l’énergie lié aux activités de l’organisation est un bon moyen d’appréhender la complexité de la transition énergétique.
- Le concept de Systèmes de Systèmes en particulier peut aider à générer des stratégies cohérentes. Cette démarche s’appuie sur les pratiques d’Architecture Système, et d’Ingénierie Système. Celles ci sont traditionnellement utilisées pour concevoir et déployer des infrastructures et optimiser leurs performances. La démarche Systèmes de Systèmes va au delà en mettant l’accent sur les dépendances des systèmes, sur leurs évolutions possibles, et sur leurs conditions de reproduction dans une perspective de soutenabilité forte. Par nature collaborative, c’est une phase d’apprentissage (ou de des-apprentissage) pour l’organisation.
- L’enquête et le design, dans tous les cas peuvent aider à révéler des leviers d’actions pertinents en se plaçant au plus proche des acteurs.
Quelles stratégies écologiques pour faire face aux enjeux de l'Anthropocène ?
Les 4 stratégies écologiques possibles
Face aux enjeux de l’Anthropocène et pour maintenir l’habitabilité d’une partie de la Terre, 4 stratégies écologiques peuvent être envisagées et sont aujourd’hui en concurrence :
- La révolution ou la fuite (zad, exode urbain) : faire table rase du passé et repartir de zéro. Cela revient à simplement abandonner nos infrastructures sans vrai solution quant à elles.
- Se reconnecter au vivant. Selon cette philosophie, la perte de nos liens avec la nature expliquerait la catastrophe écologique en cours. Il s’agirait alors de nous reconnecter au vivant. Cette approche est certes indispensable. Néanmoins, elle est insuffisante seule car elle ne règle pas le problème des infrastructures.
- La transition écologique réduit l’Anthropocène à une crise dont il s’agirait de sortir en modifiant nos moyens technologiques. Cette pensée réformiste et conciliatrice est la cible de nombreuses critiques car basée sur des implicites erronés. Elle s’avère d’ailleurs inopérante.
- La redirection écologique apprend à hériter de tout un patrimoine et estime qu’il faut désormais apprendre à fermer tout un ensemble d’activités humaines.
Les implicites de la transition et leur limites
Critiques de la transition écologique
IMPLICITES DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE | CRITIQUES |
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« La situation écologique est un ensemble de problèmes à régler ou une crise à gérer. » | L’Anthropocène n’est pas une crise. |
Le monde n’est pas composé d’objets réversibles aux contours bien définis | |
« La situation écologique est avant tout un problème de moyens techniques qu’il faut optimiser. » | On ne peut pas dé-corréler les fins et les moyens de notre modèle de développement |
Les optimisations techniques sont limitées. | |
Les promesses techniques posent un problème de temporalité (au rythme actuel, il faudrait 400 ans pour transformer le sytème énergétique). | |
Les optimisations techniques sont annulées par les effets rebond. | |
« La transition écologique peut concilier développement économique et mode de vie écologique. » | Pour l’instant, nous n’avons pas de preuve que des découplages sont possibles. |
« La transition écologique peut se faire en réglant les conséquences malencontreuses des activités humaines sur la nature. » | La transition confond conditions et conséquences. |
Sources :
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La redirection écologique : une voie à explorer
La redirection écologique part du constat que les approches de type « croissance verte » (découplage), « développement durable » ou RSE (compensation) sont dépassées. Ce cadre développé par Alexandre Monnin, Diego Landivar et Emmanuel Bonnet est à la fois conceptuel et opérationnel. Il permet d’aider les organisations à imaginer de nouvelles stratégies écologiques pour les aligner sur les limites planétaires, quitte à fermer certaines activités qui menacent l’habitabilité de la Terre.
Dans une redirection écologique, il est question de clarifier dans un protocole de renoncement les éléments nécessaires à la mise en place des transformations de nos modes de subsistance : l’adresse stratégique, les leviers techniques et méthodologiques ainsi que les processus politiques et démocratiques. La redirection s’appuie sur la démarche d’enquête et de design. D’autres outils peuvent être mis a contribution, en fonction des besoins, tels que : l’approche Systèmes de Systèmes, les outils de comptabilité et de quantification de carbone, le bilan matière, etc.
- Le hors-série du printemps 2021 de la revue Horizons Publics, dédié à la redirection écologique, contient des exemples de redirection en cours :
- Redirection écologique d’infrastructures de stationnement
- Redirection écologique de piscines municipales,
- Redirection écologique de la construction neuve,
- Redirection écologique d’une entreprise de textile,
- Redirection écologique d’une industrie manufacturière,
- Redirection écologique d’un terminal d’aéroport,
- Redirection écologique des institutions d’une métropole française,
- Redirection écologique de nos relations avec les requins.
- L’une de ces redirections porte sur l’arrêt de la construction neuve en Ile de France. Cette enquête a été commandée par la société Arp Astrance et réalisée par Philippe Bouteyre (Praxilience), Herve Moal (Loma Management) et William van Gelderen. Devant le constat du fort impact de la construction neuve en termes d’environnement, l’étude a vérifié dans quelles mesures il est possible d’arrêter la construction nouvelle de bureaux, commerces et logements en Ile de France, quels sont les leviers permettant de réaliser la bascule vers la rénovation de l’existant tout tenant compte des attachements sociaux et économiques des acteurs concernés.
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