Modélisation de la « soutenabilité » avec le concept de Système de Systèmes

Dans cette tribune de France Stratégie, Yann Chazal nous parle d’une approche originale et innovante de modélisation.

Cette approche est basée sur le concept de « Systèmes de Systèmes ».  Elle est aussi particulièrement adaptée à l’élaboration de stratégies d’adaptation bas carbone à l’échelle de territoires.

Yann est expert en Ingénierie des Systèmes Complexes chez Renault.

Entretien réalisé par Julien Bueb et Carole Cocault

Avant d’aborder ce que sont les « systèmes de systèmes », en quoi consiste la modélisation selon vous ?

« Un modèle est une approximation de la réalité ». Je suis à l’aise avec cette définition. Elle suggère d’ailleurs spontanément d’adapter le niveau d’approximation au juste nécessaire de ce qu’on a besoin d’étudier. Néanmoins, lorsqu’on est contraint de ne pas ignorer la dimension complexe du réel – c’est évidemment le cas dans la question des soutenabilités –, la pratique la plus répandue consiste à identifier les interactions, les représenter sous forme de lois de comportement souvent non linéaires et les imbriquer. Je respecte évidemment les modélisateurs qui s’inscrivent dans cette pratique, non seulement parce que ça leur demande beaucoup de connaissances et de savoir-faire, mais aussi car il y a de vrais écueils. En effet, les interactions qu’on peut envisager sont illimitées, et peuvent aussi reposer sur des relations implicites. Dans la mesure où leur hiérarchie d’importance n’est pas préalablement établie, le modélisateur s’interroge toujours sur l’enrichissement nécessaire de son modèle. Par ailleurs, les lois de comportement sont souvent proposées par des experts, mais le modélisateur doit aussi s’approprier leurs limites de validité pour en faire un usage raisonné dans son modèle. 2 Quelles sont les limites intrinsèques à cette démarche de modélisation, davantage répandue ? Ce type de modèle est construit pour calculer la réaction d’un système à une perturbation de son fonctionnement. Sa pertinence se limite donc à des phases de l’évolution où la structure du système ne change pas (sinon ce serait un autre système à simuler). Or nous savons que notre évolution, à l’image d’autres systèmes ouverts auto-organisés, n’est pas seulement faite de phases d’évolution continue, mais aussi d’émergences et recompositions structurelles après des crises.

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